PSE & Pandémie : Gérer la « nouvelle donne »
Après une accélération du nombre de Plans de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) en 2020 et en début d’année 2021 (1041 procédures de PSE ont été initiées en France entre le 1e mars 2020 et le 24 mai 2021), la situation s’est améliorée en fin d’année 2021 avec des PSE en baisse d’un peu plus d’un tiers. (1)
La crise sanitaire que nous avons traversée a eu un impact non négligeable sur le nombre de suppressions de poste dans certains secteurs d’activité comme le commerce, l’hôtellerie/restauration, l’industrie aéronautique…
Mais au-delà du volume d’emplois menacés, le Covid a engendré des modifications en profondeur dans l’accompagnement des salariés concernés.
AM : EN 2021, LATITUDE RH A ACCOMPAGNÉ 2200 SALARIÉS CONCERNÉS PAR UNE MOBILITÉ INDIVIDUELLE OU COLLECTIVE. QUELS CHANGEMENTS AVEZ-VOUS PERÇU DANS LA MANIÈRE D’ACCOMPAGNER LES TRANSITIONS PROFESSIONNELLES ?
FC : J’identifie trois évolutions significatives :
1. LE BESOIN DE GARDER LE LIEN SOCIAL… À DISTANCE !
La transition professionnelle est une étape souvent vécue comme anxiogène. Cette peur de l’inconnu est encore plus forte dans un contexte de pandémie, avec des restrictions en termes de rencontres et d’échanges.
Les entretiens en face à face, essentiels dans notre métier, n’ont souvent pas pu avoir lieu et ont été remplacés par un accompagnement à distance, alors que les personnes accompagnées avaient justement besoin de renforcer leurs liens sociaux. Nous avons été amenés à digitaliser notre processus de suivi des personnes en outplacement, méthodes désormais bien rôdées qui font partie des solutions pérennes d’accompagnement que nous pouvons proposer aux personnes qui le souhaitent.
2. L’ACCROISSEMENT DES RECONVERSIONS PROFESSIONNELLES
Selon une étude parue dans Les Echos (2), depuis le début de la crise du COVID en 2020, près de six actifs en emploi sur dix souhaitent ou pensent entamer une reconversion professionnelle. La crise du COVID a été un réel accélérateur des envies de vraies reconversion professionnelle, avec des changements de secteur ou de métiers.
Nous continuons donc à valider avec les candidats que nous accompagnons que leur projet professionnel est réaliste compte tenu de leur parcours et leurs compétences et réalisable compte tenu du marché de l’emploi. Nous avons dû renforcer notre réseau d’organismes de formation partenaires pour répondre à ces nouveaux besoins.
3. UNE EXIGENCE ACCRUE DES SALARIÉS VIS-À-VIS DE LEUR PROCHAIN EMPLOYEUR
Selon une étude réalisée par la Dares et la Drieets en fin d’année 2021 auprès de 15000 cadres, managers, professions intermédiaires et employés du tertiaire, 98% des personnes interrogées aimeraient continuer à télétravailler, et deux tiers souhaiteraient le faire deux à trois jours par semaine.
Cela se vérifie chez les salariés que nous accompagnons dans le cadre de PSE qui, eux aussi, plébiscitent largement les employeurs qui proposent du travail hybride. En effet, le télétravail leur permet de réduire la fatigue physique, d’améliorer leur équilibre vie professionnelle/ vie personnelle et leur efficacité et ils veulent conserver ces avantages en sortie de crise.
AM : QUELS IMPACTS AVEZ-VOUS CONSTATÉ DANS LES ORGANISATIONS QUE VOUS ACCOMPAGNEZ ?
FC : La crise a accéléré la dématérialisation des négociations. Pour les entreprises engagées dans un projet de réorganisation, cela a été source de difficultés et tensions supplémentaires. Nous avons dû intégrer cette dimension dans notre accompagnement de l’ingénierie sociale.
Cela nous a amenés à renforcer notre soutien aux DRH, notamment dans la rédaction de leurs mesures sociales, avec pour objectif de valoriser les nouveaux leviers de réussite des transitions professionnelles.
Par exemple, chez un de nos clients dans le secteur de la restauration, nous avons alerté la DRH de la volonté d’une grande partie des salariés impactés de changer d’activité malgré la dynamique porteuse d’emploi de son secteur. Nous l’avons conseillée dans les mesures à promouvoir pour les accompagner efficacement dans cette démarche de transition. Cela nous a amenés à créer des passerelles vers des domaines porteurs tels que la santé, les services à la personne et l’artisanat.
AM : LE PSE S’ADRESSE AUX PERSONNES LICENCIÉES. COMMENT RÉAGISSENT CELLES QUI RESTENT ?
FC : La loi impose principalement l’accompagnement des salariés licenciés. Cependant nous constatons régulièrement chez nos clients que durant toute restructuration, réengager « ceux qui restent » est un enjeu tant que pour la direction que pour les partenaires sociaux. Les aider à rebondir après une restructuration fait donc partie de nos priorités.
La rapidité du rebond est en effet liée à l’attention que l’organisation porte aux « survivants » des PSE. Prendre soin aussi de ces salariés-là peut impacter considérablement la performance économique de l’entreprise à moyen terme.
(1) Source Dares, Ministère du Travail
(2) Source, Les Echos